
L’intégration scolaire d’un enfant avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA) représente un défi pour les familles et les professionnels de l’éducation. Chaque enfant autiste ayant des besoins spécifiques, il est essentiel d’adapter l’environnement scolaire, les méthodes pédagogiques et l’accompagnement pour favoriser son épanouissement et ses apprentissages.
Comprendre les particularités des élèves avec autisme.
Avant de proposer des pistes concrètes pour aider à l’intégration des élèves porteurs d’un TSA, petit retour sur la définition de l’autisme.
L’autisme est un handicap dont les manifestations sont décrites sous l’intitulé de Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA), c’est un trouble neuro-développemental. Les premiers signes sont perceptibles avant l’âge de 3 ans. Ces symptômes sont dus à un dysfonctionnement cérébral. Les personnes autistes perçoivent ainsi le monde d’une façon différente par rapport à une personne dite neurotypique. Le TSA (Trouble du spectre de l’autisme) affecte le développement de votre enfant dans :
- la communication (langage, compréhension, contact visuel…),
- les interactions sociales (perception et compréhension des émotions, relations sociales, jeux…),
- le comportement (gestes stéréotypés, intérêts et activités spécifiques et restreints, mise en place de routines, etc.).
Ainsi en France, les enfants autistes ont longtemps été marginalisés, mais des avancées notables ont été réalisées ces dernières années en matière de reconnaissance et d’intégration scolaire. L’autisme, classé parmi les troubles du neurodéveloppement, affecte environ 1 % de la population mondiale, se manifestant dès la petite enfance par des difficultés dans les interactions sociales et la communication.
Historiquement, la prise en charge des enfants autistes en France s’est focalisée sur le secteur médico-social, au détriment de leur inclusion scolaire. Ce n’est qu’à partir des années 2000, notamment avec la loi handicap de 2005, que des efforts ont été entrepris pour intégrer ces enfants dans le système éducatif ordinaire. Malgré ces initiatives, en 2012, seulement environ 20 % des enfants et adolescents autistes étaient scolarisés en milieu ordinaire, souvent à temps partiel.
Pour améliorer cette situation, des unités d’enseignement en école maternelle (UEMA) et élémentaire (UEEA) ont été créées à partir de 2014, offrant des classes dédiées aux élèves autistes au sein des écoles ordinaires. Par ailleurs, des dispositifs comme les unités localisées pour l’inclusion scolaire (ULIS) ont été mis en place pour favoriser leur intégration. Cependant, en 2024, la Cour des comptes a souligné que, malgré une augmentation du nombre d’élèves handicapés scolarisés, la politique actuelle ne répond pas de manière efficace et équitable à l’ensemble de leurs besoins, pointant des parcours discontinus et un manque de coordination entre les secteurs éducatif et médico-social.
En outre, le manque de formation spécifique des enseignants et le déficit d’accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) entravent une inclusion scolaire optimale. Malgré une augmentation du nombre d’AESH, beaucoup d’élèves restent sans solution adaptée.
En somme, bien que des progrès significatifs aient été réalisés pour la reconnaissance et l’intégration scolaire des enfants autistes en France, des défis subsistent. Il est essentiel de renforcer les dispositifs existants, d’assurer une formation adéquate des professionnels de l’éducation et de garantir une coordination efficace entre les secteurs éducatif et médico-social pour assurer une inclusion véritable et équitable de ces enfants.
Les enfants autistes présentent des caractéristiques variées qui peuvent impacter leur scolarité :
• Complexité des interactions sociales : compréhension des règles sociales, communication avec les pairs.
• Résistance au changement : besoin de routines et d’un cadre structuré.
• Sensibilité sensorielle : hypersensibilité au bruit, à la lumière ou aux textures.
• Problèmes dans la communication : certains élèves utilisent peu ou pas le langage oral.
• Intérêts restreints et comportements répétitifs : passions intenses pour certains sujets, répétition de gestes ou de paroles.
• Difficultés de gestion des émotions : crises, anxiété face aux imprévus.
Que ce soit du point de vu de l’enfant ou de ses enseignants, les obstacles sont nombreux. Le manque de formation chez les professionnels de l’éducation est à souligner, même si de plus en plus d’enseignant(e)s se forment d’eux-mêmes à ces problématiques, mais nous y reviendront plus tard dans cet article. Je vous propose ci-dessous quelques pistes d’actions à mettre en place pour aider à l’intégration des élèves porteurs de TSA. Ces suggestions proviennent toutes du guide pour la scolarisation des élèves avec autisme proposé par l’Académie de Rennes.
Adapter l’environnement scolaire.

Un cadre bien organisé et des repères visuels permettent à l’élève autiste de mieux comprendre son environnement :
Structurer l’espace :
• Placer l’enfant dans un endroit calme, loin des sources de distraction (fenêtre, porte).
• Organiser la classe avec des repères visuels (pictogrammes, emploi du temps affiché).
Préparer les transitions :
• Annoncer les changements à l’avance avec un emploi du temps visuel.
• Utiliser un time timer pour indiquer la durée des activités.
Aménager des temps de pause :
• Proposer des coins calmes où l’enfant peut se retirer en cas de surcharge sensorielle.
Adopter des stratégies pédagogiques adaptées.
Faciliter la compréhension et l’attention
Donner des consignes claires :
• Utiliser des phrases simples, concrètes et courtes.
• Accompagner les explications de supports visuels (illustrations, vidéos).
Limiter les distractions :
• Éviter la surcharge d’informations sur les supports pédagogiques.
• Donner un exercice à la fois.
S’appuyer sur les centres d’intérêt :
• Intégrer les passions de l’enfant dans les apprentissages pour capter son attention.
Aider à la communication et à l’expression
Mettre en place des outils de communication alternative :
• Utiliser des pictogrammes (PECS), la langue des signes (MAKATON) ou des tablettes adaptées.
• Encourager l’enfant à montrer ce qu’il veut plutôt que de s’énerver.
Valoriser l’écrit et le visuel :
• Privilégier les supports imagés.
• Encourager la prise de notes sous forme de cartes mentales.
Gérer les comportements et les émotions
Anticiper les crises :
• Identifier les signes avant-coureurs (frustration, hypersensibilité).
• Proposer une alternative avant que la crise n’éclate (temps de pause, exercice de respiration).
Favoriser la régulation émotionnelle :
• Utiliser un thermomètre des émotions pour aider l’enfant à identifier son état émotionnel.
• Apprendre des stratégies de retour au calme (respiration, objets sensoriels).
Encourager l’inclusion et la socialisation.

L’intégration sociale est essentielle pour le bien-être de l’élève autiste.
Sensibiliser les autres élèves :
• Expliquer l’autisme aux camarades de manière ludique et positive.
• Favoriser des activités en petit groupe pour encourager l’interaction.
Mettre en place un tutorat entre pairs :
• Assigner un camarade référent pour accompagner l’élève autiste lors des transitions et des jeux.
Encourager les activités adaptées :
• Proposer des jeux structurés plutôt que des jeux libres en récréation.
Travailler en partenariat avec les parents et les professionnels.
Établir un dialogue régulier avec les parents :
• Echanger sur les stratégies efficaces à la maison et à l’école.
• Utiliser un cahier de liaison pour suivre les progrès et difficultés.
Collaborer avec les professionnels :
• Travailler avec les orthophonistes, psychomotriciens et éducateurs spécialisés.
• Intégrer les recommandations des spécialistes dans les adaptations pédagogiques.
Mettre en place un Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS) :
• Définir les adaptations nécessaires avec l’équipe éducative et la MDPH.
• Suivre régulièrement l’évolution de l’enfant et ajuster les aides.
Scolariser un enfant autiste demande une approche individualisée et bienveillante. L’adaptation de l’environnement, des méthodes pédagogiques et du soutien émotionnel permet d’offrir aux élèves TSA un cadre où ils peuvent s’épanouir et progresser.
Avec une équipe éducative formée et un bon partenariat avec les parents et les spécialistes, chaque enfant autiste peut trouver sa place à l’école et développer son potentiel.
Quelques ressources pour vous former.

Que vous soyez parents ou enseignants, voici quelques pistes pour en apprendre plus sur l’autisme et comment mieux le vivre/comprendre au quotidien.
Pour les parents
1. Formation en ligne : “Accompagner les parents dès le diagnostic TSA de leur enfant”
• Cette formation vise à définir le trouble du spectre de l’autisme (TSA), à déconstruire certains mythes et à reconnaître les impacts du diagnostic sur la famille. Elle offre également des stratégies pour gérer les préjugés et des interventions optimales pour soutenir le développement des enfants avec TSA.
• Lien et infos : ici
2. Programme “Atys Family”
• Destiné aux parents, grands-parents et aidants d’enfants autistes de moins de 15 ans, ce programme propose des moments d’échanges entre pairs, des formations spécifiques pour mieux comprendre et prendre en charge son enfant, ainsi que des conseils d’experts.
• Lien et infos : ici
3. Webinaire : “L’ABC du comportement des enfants ayant un TSA : des parents en action !”
• Ce dispositif vise à outiller les parents d’enfants âgés de moins de 8 ans présentant un TSA avec retard de développement, dans l’optique d’améliorer le fonctionnement de l’enfant dans la sphère familiale.
• Lien et infos : ici
Pour les enseignants
1. Diplôme Universitaire “Autisme et apprentissages”
• Ce diplôme universitaire s’adresse aux enseignants, éducateurs, psychologues et professionnels désireux d’approfondir leurs connaissances des troubles de l’autisme et des troubles spécifiques des apprentissages afin d’obtenir une qualification universitaire.
• Lien et infos : ici
2. Formations d’EDI FORMATION
• Cet organisme propose des formations telles que “Autisme, TSA : Comprendre, prévenir et gérer les comportements problématiques” ou “Autisme, TSA : Modèle d’accompagnement adapté au fonctionnement des enfants”. Ces formations sont destinées aux professionnels du secteur sanitaire, médico-social et aux aidants.
• Lien et infos : ici
3. Certificat National d’Intervention en Autisme (CNIA)
• Cette formation vise à renforcer les compétences des professionnels dans le domaine du repérage, de l’orientation et de l’accompagnement des personnes atteintes de troubles du spectre de l’autisme. Elle est ouverte à tous les professionnels du secteur médico-social exerçant auprès des personnes autistes, mais est également accessible à tout professionnel souhaitant se mettre à jour.
• Lien et infos : ici
Ressources communes
• MOOC Dys
• Ce cours en ligne gratuit est ouvert à toute personne intéressée par les troubles d’apprentissage associés à l’autisme. Il comprend un parcours commun incluant des modules spécifiques pour les parents et les enseignants.
• Lien et infos : ici