Eremia*

Dans la chambre où le temps s’efface,

Le silence pèse, lourd et froid,

Une ombre glisse, lasse, tenace —

C’est moi, sans but, perdu sans voix.

Les heures s’étirent, lentes, absurdes,

Comme un ruisseau figé d’ennui,

Et mes pensées, sourdes, si dures,

Tournent en rond, lassées de nuit.

Plus rien ne vibre, tout sommeille,

Ni vent, ni cœur, ni même espoir.

Je guette un rêve, une étincelle,

Mais tout s’éteint dans le noir.

La solitude a cette rumeur

D’un cri qu’on lance sans retour,

Un écho vide, une pâleur,

Un jour sans fin, un faux séjour.

Pourtant parfois, au fond du creux,

Une lumière faible persiste :

Un mot, un pas, un feu douteux…

Et l’âme attend qu’on l’enrôle, qu’on l’insiste

L.J

*Eremia : en grec, une solitude, une région inhabitée.

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